À la fin, il ne devait rester qu'un seul chat
Une vie avec les chats pas si raisonnable que ça.
Pendant 11 ans , j’ai vécu avec 2 chats en appartement.
Philio et Maya, frère et sœur, recueillis à l'âge de 4 mois, à la SPA en 2008.
J'adore les chats, mon animal fétiche depuis mes plus jeunes années. Cependant, cette période de ma vie avec 2 félins n’a pas toujours été un long fleuve tranquille.
Mes pauvres minets ont souvent pâti de mes humeurs, de mes fatigues et de mes agacements.
Philo et Maya étaient les chouchous adorés de mes filles : peluches animées pour les caresses, les jeux, les câlins.
Par contre, à mes yeux, ces 2 matous étaient mes bêtes noires à cause des poils, des griffes, des litières et des régurgitations : j’étais bien la seule à m’occuper des aspects moins “doux” de la vie de mes chats.
Mal de chat.
À l'été 2019, je ne voulais plus de chats.
Maya est décédée d’une tumeur.
Les mois précédents son départ nous ont permis de nous rapprocher, au point de devenir fusionnelles toutes les deux. Elle dans sa maladie, luttant tant bien que mal sous l’emprise du traitement, et moi dans mon impuissance à la sauver, la calinant pour apaiser ses tourments.
Non,hélas, je n’ai pas rattrapé 10 ans de chamailleries débiles de ma part.
Cependant, ces derniers mois nous ont bel et bien réconciliés pour l’éternité.
Et j’ai vraiment eu le mal de chat lorsqu’elle est partie pour ne plus souffrir.
Effets cumulés de mes décisions.
Parfois, je réfléchis aux effets cumulés de tous ces évènements avec les chats.
Est-ce un concours de circonstances ?
Ou bien le fait d’avoir pris une décision qui a conduit à tous ces enchaînements ?
Je me pose encore la question !
La réalité étant, qu’entre la mort de Maya, et aujourd’hui, il ne devait rester que Philo… sans désir de reprendre d’autres chats à la maison.
Finies les contraintes et les douloureuses séparations.
Avec mon vieux Philo solitaire, la vie allait s’écouler comme un fleuve tranquille.
Mais une multiplication phénoménale s’est opérée : ils sont 10 aujourd'hui chez moi.
“Mafdet et Bastet”* !, me direz vous comment est ce possible ? (*Fameuse interjection des cat lovers dans certaines contrées !)
“Ce n’est pas avoir de bête de n’en avoir qu’une.”
selon Paul Léautaud, lequel en eut jusqu’à 50 dans sa demeure de Fontenay aux Roses.
Effets cumulés vous dirais-je , l’air un peu sceptique toutefois.
Car quand je tente de comprendre ce qui s'est passé, je m’y perds un peu.
Pourtant, je suis bien à l’origine de ce nombre. Cependant, cela n’a jamais été une fin en soi d’avoir 10 chats.
Nouveau mode de vie.
Peut être est ce juste le signe que je devais changer de vie.
Entre l’été 2019 et l’été 2020, soit un an, ma vie a pris un nouveau tournant extraordinaire.
Une fin de partie
Je vivais depuis 2 ans une sacrée traversée du désert : des désillusions personnelles et professionnelles m’avaient fait toucher le fond. Je cherchais avec peine à rebondir, mais n’ayant plus confiance en moi et encore moins d’estime pour moi, il m’était difficile de refaire surface.
Je m'y employais fermement malgré tout.
Mais comme toute novice, je n’avais aucune structure, je partais en live, dans tous les sens. Je ne savais pas et ne parvenais pas à exploiter toutes ses nouvelles ressources de gestion du temps et des priorités, de méditation, de confiance en soi, d'entrepreneuriat.
Je me suis accrochée, malgré tous les remous intérieurs et extérieurs. Je résistais tant bien que mal à cette spirale de l’échec qui vous engloutit dans son néant.
A ce moment-là, j’avais retrouvé un peu de clémence avec mes 2 vieux chats : je ne les voyais plus comme des problèmes de ma vie. C’était moi le problème.
Puis quand Maya est partie, j’étais déjà dans une phase qui amorçait des changements. Je commençais à voir plus clair en moi : ce que j’aimais, ce que je pouvais faire … j’étais loin encore de savoir ce que je voulais faire de ma vie et pour quelles raisons.
Et Eden vint ...puis les autres.
Et puis Eden est arrivé dans les bras de ma fille un soir d’été de juillet.
Une petite boule de poils noire, apeurée, privée de son environnement de la rue et du reste de la fratrie, qui essayait de se défendre contre un potentiel géant agresseur. Mais dès le lendemain, le chaton a montré des signes d’adaptation extra grâce à la nourriture, certes, et aussi les douces attentions de tendresse et de réconfort de mes filles.
Il s'est très vite acclimaté dans cette vaste pièce, la double chambre des jumelles.
C’était les grandes vacances, les filles étaient là tous les jours, cela a bien facilité la sociabilisation d’Eden le chaton noir.
Eden s'est plus vite adapté que moi, je crois.
Je me sentais gauche et émerveillé en même temps.
Il a vraiment été un chaton vraiment sympa. Curieux, vif, énergique, alerte, volontaire, drôle, joueur.
Il en restait cependant 3 dehors, exposés aux risques de la rue, même si notre quartier n’est pas le plus passant (impasse), ni le plus bruyant, ce n’était pas une vie sans risque pour des petits bouts de chats.
Leur mère s’éloignait chaque jour davantage, ils étaient de plus en plus livrés à eux mêmes, c’est dans la logique des choses de leur nature.
Ils s’en accommodent tant bien que mal.
Mes filles et une mère-aux-chats* de 80 ans, Martine, une habitante de notre quartier, leur donnaient à manger matin et soir.
Mes filles passaient plus de temps avec eux, dehors, dans l’idée de les amadouer peut-être. Et sans doute conquises et amusées par ces mignons chatons qui s’amusaient d’un rien, un brin sauvages encore, ne se laissant approcher qu’une croquette à la main !
Tant et si bien que Pablo arriva fin juillet, et Perle et Simba début août.
La fratrie était ainsi réunie.
De 2, j’en perdais 1 et j’arrivais à 5.
On en est à 5
4 chatons du même âge,
C'est drôle et super intéressant.
C’est vrai qu’ayant eu des jumelles il y a 16 ans, c’était assez facile pour moi de multiplier les actions / attentions et de saisir les différences même les plus infimes entre elles.
Les chats, c’est quasi pareil : ils évoluent en même temps et chacun à leur manière.
Très vite, les chatons se sont familiarisés avec leur nouveau territoire : découvrant et courant partout sous le regard plutôt passif voire indifférent du vieux Philo.
Je ne sais pas comment il a vécu la perte de sa compagne de 10 ans … s’il a même ressenti quelque chose, introspection de chat ?
Mystère. moi j’ai été dévastée, mais très vite impliquée dans l’arrivée de 4 nouveaux petits chats. Lui, stoïque et semblant poursuivre son bonhomme de chemin entre gamelle et coin pour dormir.
Pour ma part, j’ai dû changer beaucoup d’habitudes et de réflexes car ces petits chenapans profitaient de chaque occasion, ouverture de porte ou de placard pour découvrir, arracher, attraper, mordiller, renverser, fouiller : Plaids, plantes, plats, papiers, pots, poubelles…et patatras !
Le pouvoir de s’adapter
A ce moment-là, le formidable pouvoir d’adaptation s’exprime dans toute sa splendeur !
S’adapter parfois c’est excitant, on a envie de cette nouveauté, on l’a appelé de tous nos vœux, on est prêt !
Et puis à d’autres moments, c'est par la force des choses que l’on doit s’acclimater à quelque chose de nouveau dans notre vie.
J’ai dû opérer quelques changements, certains sont encore provisoires, le temps de rendre l'environnement, les chats et moi compatibles ! :
Certaines actions répétées 5 à 10 fois par jour !
L'endurance est aussi une notion qui est passée du concept à la réalité !
La motivation d’avoir une maison propre, nickel, avec 4 chatons turbulents et plein de vie, oui, c’est un pari relevé …
J’ai dû le réussir puisque à l’été 2020, je l’ai doublé !
Les comptes sont faits !
2020 année de mes 50 ans, de la crise sanitaire du Covid et d’un compte tout rond de 10 chats à la maison.
Comment ces 3 éléments se sont-ils retrouvés mêlés ?
- Qui aurait pu imaginer vivre la pandémie mondiale du Coronavirus et ce confinement qui marque désormais nos modes de vie ?
- Aurais-je pu m’attendre à faire ma crise du Milieu de vie en 2020 ? ( pour moi ce n’est pas une crise, c'est une prise de conscience, mais mon entourage s’obstine sur le 1er diagnostic !)
- M'étais-je dit un jour : mon rêve c’est d’avoir 10 chats chez moi ?
La réponse est clairement non sur le virus et sur le nombre de félins… inimaginable, pas raisonnable… Certes, une récidive de ma crise d’ado n’était sans doute pas à exclure (mais, je le répète, je vis très bien mes 50 ans !)
Je vous raconterai prochainement l’arrivée des 3 juniors en août 2020 :
- T-Rock, 4mois
- Goldy et Marny, 3 mois
Et encore dans un autre épisode, le recueil de Yukio et Yukiko, la” portée sauvée des eaux” !
Des rendez-vous félis silvestris catus en perspective !
J'ai aussi envie de dessiner le portrait de chaque chat ! Pour illustrer combien les chats sont différents, que ce qui est valable pour l'un, ne l'est pas pour l'autre... oui, comme les humains !
On double !
Ce qui est important à relever aujourd’hui est la multiplication des chats chez moi, ce qui ne relève pas du tout d’un miracle ! J’y étais, j’ai tout vu, c’est moi qui l’ai fait !
Ainsi, le nombre de chats a doublé : de 5 en sept 2019, ils sont passés à 10, un an plus tard.
“J’ai eu 100 chats, ou plutôt comme disait Michelet, 100 chats m’ont eu”,
Paul Morand
Changement de vie
10 chats chez soi, c’est comme un opéra, c'est grandiose !
Alors, oui, il y a de l’émerveillement tous les jours, des rigolades aussi.
Spectacle permanent, représentations quotidiennes assurées ! (Qui est le metteur en scène ?!)
Mais aussi, des grands moments de calme où tous les chats s’abandonnent au sommeil ; ou à la méditation ?
Et puis, des cavalcades, des miaou par ci, des ronrons par là…
Des vibrisses qui chatouillent, des griffes qui s’exercent, des nuits où tous les chats ne dorment pas!
Mais :
- Les litières et leur entretien sont hyper répétitifs, plusieurs fois par jour, avec toute la logistique de pelles, sacs et poubelles spéciales.
- la gestion des conflits entre chats -omega et alpha -car ce n’est pas gagné avec les 2 femelles de 1 an et demi qui ont une conception du territoire ou de l'accueil quelque peu différente de la mienne. Intimidations, babines agressives, poils hérissés et coups de pattes bien armés sont aussi dans certains échanges.
- le budget est multiplié par 2 pour la nourriture, les accessoires et bien sûr, les soins vétérinaires. Commande, livraisons et RDV à organiser et budgétiser.
Évidemment, ce n’est pas que du rêve en pattes de velours et des caresses de pelage bien soyeux toute la journée.
L’envers du décor est intéressant à voir et à vivre, car j’ai aussi appris à puiser davantage dans mes ressources, me casser la tête pour trouver des solutions.
Le cat life style
Tout en entreprenant en parallèle différents changements, avec le plus grand de tous : définir un nouveau mode de vie avec mes chats en menant un projet de construire un environnement compatible. Du beau “cat life style” !
Ma relation avec mes chats me donne cette énergie puissante de faire voler en éclats mes habitudes, repères et prévisions habituels : avec eux, pour eux et pour moi, j’ai retrouvé un élan formidable de me mettre en action.
Sortir de mon immobilisme, de ma raideur créative et de mes envies ankylosées.
Changer...
Je ne vous cache pas les réticences sévères de mon entourage.
Les forces contraires viennent souvent de l’intérieur. Il faut le vivre pour le savoir. C’est déroutant, mais c’est là, dans les moments où il faut changer de paradigmes, qu’on voit les liens plus ou moins forts entre des proches. Il faut l’accepter… Mais ce n’est pas facile.
En même temps, je comprends la peur des uns face aux changements soudains, ces adaptations rapides qui effacent les habitudes ronronnantes (tiens !).
Et puis, il y aussi les petites remarques ironiques de certaines de mes relations… ça veut plaisanter, faire un bon mot, tout en pensant qu’il ne tolérerait jamais ça chez eux !
J’essaye de ne pas y prêter attention . Au début, je voulais convaincre les autres que tout se passait bien.
Mais je reconnais que chacun a son point de vue, lequel est basé sur ses croyances, son éducation et son vécu.
Les vrais amis
Plusieurs personnes, proches ou voisines, m’ont offert leur aide et leur soutien, en me félicitant pour mon courage et mon abnégation.
“Je suis la robin des bois des chats, ou la mère Térésa des félidés, merci je prends cela comme un compliment.”
Rosemary de ChatsChezNous selon son entourage !
( En aucun cas, il ne s’agit d’abnégation, je tiens à le préciser, mais c’est perçu comme tel chez certaines personnes).
Une grande et chère amie s’est même proposée d’être la marraine des bébés chats en participant aux frais vétérinaires.
On m’a offert 2 ou 3 paquets de croquettes, prêté un super parc pour chatons (ça m’a sauvé la vie et mes nuits !), quelques boîtes de pâtés…
Mais des promesses non tenues, il y en a eu aussi. Paroles, paroles ...
Cela a l’avantage de m'aguerrir même si parfois, ce n’est pas très confortable de se sentir un peu seule dans l’aventure au quotidien.
J’ai choisi ce tournant, j’en assume les responsabilités.
Ce que je retiens avant tout c’est la force de croire en moi et en mon projet : je me sens pousser des ailes pour survoler les coups bas, les ressentis réprobateurs et ne pas me laisser décourager.
Je pense nécessaire de me préparer à quelques obstacles qui demanderont effort, patience et acceptation, choix et affirmation.
Mais "l’obstacle est le chemin " parait il ! (un livre ** que je compte bien lire !)
Le vrai fond de la question
Mais, en fait, ça ressemble à quoi un mode de vie avec plusieurs chats chez soi ?
Je ne sais pas encore !
Cheminons ensemble pour le découvrir, pas à pas.
Au début de notre nouvelle vie, ils sont 10.
C'est pour vivre le plus heureux possible tous ensemble, non ?
* “Mère aux chats “ Expression de Rémo Forlani dans “Les mémoires d’une chatte française”
** "L'obstacle est le chemin", un livre de Ryan Holiday, : de l'art éternel de transformer les épreuves en victoire.